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Commentaire littéraire Alfred Jarry Ubu Roi Scène 3 Acte 2 Scène du Massacre

Par   •  5 Février 2018  •  1 853 Mots (8 Pages)  •  865 Vues

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qui a eu des cadeaux, de manière totalement gâteuse et cupide, pas seulement une fois, mais deux : ligne 61 et 62.

Père Ubu rend cette scène comique avec son langage. Premièrement, il insulte tous les Nobles : “bouffre”, “bouffre”; “”tu as une sale tête”; “bougre” et crée donc un décalage entre le respect qu’il leur doit, et le respect qu’il leur accorde. Père Ubu est un idiot : il ne comprend pas les règles implicites, l’étiquette de la cour. Le spectateur se sent alors supérieur au père Ubu, ce qui provoque le rire chez le spectateur : pour lui, c’est invraisemblable de ne pas connaître les règles de la cour, tout le monde les connaît. Deuxièmement, le mot “bouffre” qu’il répète n’existe même pas, il l’a lui même inventé : cela est comique car il ne connaît même pas d’insultes existantes. Il invente également des lieux et des outils de tortures : “crochet à Nobles” (ligne 4), “sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre à Sous” (ligne 15). Ces noms rappellent le père Ubu lui même (le Pince Porc) mais également sa personnalité, l’avidité (Chambre à Sous). Troisièmement, la contradiction de langage familier et de langage soutenu ligne 53 “Tu n’as rien autre chose ?” au lieu de dire “tu n’as pas autre chose?” met en avant le sérieux que père Ubu prête à l’occasion, par cupidité, par peur de manquer. Le spectateur ressent alors la peur du père Ubu de ne pas avoir assez, qui est à ce moment très ridicule.

Cette scène est comique, mais a un fond très sérieux, c’est une scène qui critique, une scène satirique.

Cette scène est une satire de la figure du tyran, et de la société de Jarry en entier aussi.

D’une part, Jarry critique ici la figure du tyran. Père Ubu est un être abject. Il exerce son pouvoir de manière démesurée : les Nobles sans aucune raison, père Ubu a un raisonnement par l’absurde : “Comme je ne finirai pas de m’enrichir je vais faire éxecuter tous les Nobles, et ainsi j’aurais tous les biens vacants.” (ligne 75 -76) Ce raisonnement a un aspect logique, mais si l’on y réfléchit, il ne l’est absolument pas : père Ubu ne peut pas faire éxecuter tous les Nobles, quelqu’un l’empêchera bien. Le négatif “je ne finirai pas de m’enrichir” (ligne 75) met en avant que père Ubu croit que son pouvoir n’aura pas de fin : il ne compte pas le partager, c’est une tyrannie. Père Ubu met en place un régime absolutiste, il veut tout avoir et pour se faire est prêt à tout faire. Jarry critique l’égoïsme sans limite des tyrans : “J’ai”, “je”, “je”, ”je”, “MA”, “MES, “MA”, “MES”, “je”, “je”, “j’aurai”. Il critique également le manque de justice, ou tout simplement le manque de raison. Dans cette scène, le père Ubu ne fait aucune distinction entre le plus riche et le plus pauvre des Nobles, il les tue tous. Le manque de raison suffisante est flagrante : “Le Noble. - Je suis ruiné. Père Ubu. - Pour cette mauvaise parole, passe dans la trappe.” (ligne 46-49) Ici Jarry met avant que même si au début, père Ubu avait une raison (qui reste insuffisante), la cupidité, il devient sanguinaire par la suite, ne contrôle plus ses punitions et continue à tuer sans aucune raison. Père Ubu est alors le pire des tyrans, un homme sanguinaire sans raisons. Si l’on ne l’arrête pas, il peut faire des dégâts irréparables. Or, l’ensemble des personnages de la scène ne se révoltent pas, ou pas assez...

Jarry fait la satire de cette société qui n’agit pas, qui laisse des tyrans faire le mal et des victimes innocentes. Premièrement, mère Ubu ne conteste pas assez le pouvoir du père Ubu : malgré l’appel de forces divines ,“De grâce, modère-toi, Père Ubu.” (ligne 8), elle, qui est pourtante la cause de la montée de Père Ubu sur le trône de Pologne, n’arrive pas à calmer son avidité de meurtre et d’argent. Devant ce carnage, mère Ubu observe le monstre qu’elle a crée, et ne peut que pleurer : “Qu’as-tu à pigner, Mère Ubu ?” ligne 57 ( “pigner” signifie pleurer ) . Elle le critique : “Quelle basse férocité !” (ligne 26) ; “Tu es trop féroce, Père Ubu.” (ligne 59) en le comparant implicitement à un animal, mais elle ne fait rien concretement pour empêcher la mort d’êtres humains, qui n’ont rien fait, sinon hériter une fortune. Dans cette scène, cinq Nobles se font tuer. Pourtant, nous ne pouvons relever qu’une contestation : “Horreur!” (ligne 12) de la part de tous les Nobles. C’est tout ce que diront ces Nobles qui vont passer dans la trappe : ils se laissent faire, laissent se dérouler cette séquence, qui 5 fois se répète ! Les Nobles qui sont dans la représentation représentent la classe sociale en général dans la société d’Alfred Jarry, il les critique, lui qui les a tant cotôyés, en vivant parmi eux.

En la rendant comique, Jarry donne du pouvoir à cette scène : le tyran est complètement décribilisé, mis à nu. Les vices du personnage du type du tyran sont présentés très clairement au spectateur. Le langage de la scène permet de laisser comprendre les défauts du père Ubu, tandis que les répétitions appuyent bien sur ces défauts. Dans Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, publié en 1911, Jarry invente la “pataphysique”, qui a plus tard influencé de grands écrivains tels que Boris Vian, Raymond Queneau ou enfin Eugène

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