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Commentaire de texte , Cesaire, " Discours sur le colonialisme", Lecture Analytique

Par   •  14 Juin 2018  •  5 807 Mots (24 Pages)  •  664 Vues

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mais réellement distinct des phénomènes d’ordre matériel`` (Foulq.-St-Jean 1962).

PHILOS. POL. Matérialisme historique. Thèse du marxisme d’après laquelle le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus d’ensemble de la vie sociale, politique et spirituelle. (K. Marx, Crit. de l’écon. pol., Préf. ds Foulq.-St-Jean 1962). Partisan du matérialisme historique. La tâche du matérialisme historique ne peut être que d’établir la critique de la société présente; il ne saurait faire sur la société future, sans faillir à l’esprit scientifique, que des suppositions (Camus, Homme rév., 1951, p.272).

Le matérialisme antique

Le philosophe grec Épicure (341-270 av. J.-C.) donnait ses leçons dans un jardin à Athènes, ce qui valut à ses disciples le nom de « philosophes du Jardin » : de son œuvre immense ne subsistent que trois lettres, mais sa doctrine, rapidement diffusée dans tout le bassin méditerranéen, connaîtra une influence prodigieuse, tout en étant souvent déformée ou mal comprise. Les Lumières, et particulièrement Diderot, se plairont à professer les leçons d’un matérialisme épicurien.

L’épicurisme s’oppose à la tradition platonicienne idéaliste et spiritualiste : il affirme que tout est corporel et matériel, y compris l’âme. Les notions fondamentales de la philosophie d’Épicure sont :

• la sensation (aisthésis en grec) : conçue comme donnée concrète des sens, elle nous met en harmonie et en accord avec la nature ; la sensation n’est ni relative ni subjective, mais elle est vraie et réelle ;

• l’atome (« que l’on ne peut couper » en grec) : c’est la plus petite partie de la matière, envisagée comme un corpuscule insécable, solide, compact et immuable. La théorie de la physique atomiste vient de Démocrite (460-370 av. J.-C.) : « À l’origine de toutes choses, il y a les atomes et le vide, le reste n’est que supposition » ;

• le plaisir (hédonè en grec) : conçu comme une jouissance naturelle, un repos qui implique l’absence de douleur, il constitue le principe de la vie heureuse (à ne pas confondre avec l’hédonisme qui prône la volupté du plaisir pour le plaisir) ;

• l’ataraxie (ataraxia en grec) : elle se définit par l’absence de trouble et d’inquiétude, objet fondamental de la recherche du sage, qui détourne ainsi sa pensée de la peur de la mort. « Habitue-toi à penser que la mort n’est rien pour nous, puisque le bien et le mal n’existent que dans la sensation. (...) Il n’y a rien de redoutable dans la vie pour qui a compris qu’il n’y a rien de redoutable dans le fait de ne plus vivre. Parmi les désirs, les uns sont naturels et les autres vains, et parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires, et les autres seulement naturels (...).Nous recherchons le plaisir seulement quand son absence cause une souffrance. (...) Par conséquent, lorsque nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne parlons pas du plaisir des débauchés ni des jouissances sensuelles : nous parlons de l’absence de souffrance physique et de l’absence de trouble moral.

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Ce ne sont ni les beuveries, ni les banquets continuels, ni la jouissance que l’on tire de la fréquentation des jeunes gens et des femmes, ni la joie que donnent les poissons et les viandes dont on charge les tables somptueuses qui procurent une vie heureuse, mais des habitudes raisonnables et sobres, une raison recherchant sans cesse des causes légitimes de choix ou d’aversion, et rejetant les opinions susceptibles d’apporter à l’âme le plus grand trouble » (fragments de lettres d’Épicure).

• C’est surtout par le philosophe latin Lucrèce (98-55 av. J.-C.) que se transmet l’épicurisme dans les milieux intellectuels européens : il a écrit un poème philosophique et didactique en six chants, De natura rerum (« De la nature des choses »), à la gloire de son maître Épicure et de sa conception du monde. Resté à l’écart de la vie troublée de son époque, Lucrèce a une ambition : libérer l’humanité par la connaissance, l’arracher à ses passions, à ses craintes, à ses superstitions. Les dieux sont relégués loin de la terre, ils ne sont pas intervenus dans la création de l’univers (ils n’en ont pas besoin et celui-ci est mal fait), ils ne s’occupent pas des affaires humaines. « Le principe que nous poserons pour débuter, c’est que rien n’est jamais créé de rien par l’effet d’un pouvoir divin. Car si la crainte tient actuellement tous les mortels asservis, c’est qu’ils voient s’accomplir sur terre et dans le ciel maint phénomène dont ils ne peuvent aucunement apercevoir la cause, et qu’ils attribuent à la puissance divine. Aussi, dès que nous aurons vu que rien ne peut être créé de rien, nous pourrons ensuite mieux découvrir l’objet de nos recherches, et voir de quels éléments chaque chose peut être créée, et comment tout s’accomplit sans l’intervention des dieux » (De la nature, livre I, vers 146 sq.). « Peu de choses, on le constate, sont vraiment nécessaires au corps. (...) La nature elle-même (natura ipsa) ne réclame rien de plus agréable - même s’il n’y a pas dans la maison de statues en or de jeunes gens tenant des torches dans leur main droite pour fournir de l’éclairage aux soupers nocturnes, même si la demeure n’a ni le brillant de l’argent ni l’éclat de l’or, même si les cithares ne font pas retentir des édifices ornés de lambris dorés - à partir du moment où, étendus ensemble sur l’herbe tendre, au bord d’un cours d’eau, sous les branches d’un arbre élevé, les hommes apaisent leurs besoins corporels agréablement, sans avoir recours à de grands frais, surtout quand le temps est au beau et que la saison parsème de fleurs les prairies verdoyantes » (livre II, vers 20-33).

Dans une période de crise (les valeurs ancestrales de simplicité « naturelle » sont remises en cause par le luxe apporté à Rome par ses conquêtes et par son hellénisation), le devoir du sage est de rechercher le souverain bien (summum bonum) : si le stoïcien le trouve dans la beauté morale (honestum) qui s’atteint par la pratique de la vertu (virtus) et nécessite le plein exercice de la volonté et de la raison, l’épicurien le cherche dans le plaisir (voluptas), défini comme absence de douleur. Voies différentes, mais même but : l’ataraxie, le calme absolu qui caractérise le sage délivré des passions.

Pour la morale épicurienne, vivre selon la nature (vivere secun-dum naturam) constitue un état de bien-être obtenu par le libre accomplissement en soi-même du mouvement de la nature (la phusis des Grecs) : il s’agit donc de

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