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Commentaire "Demain dès l'aube", Victor Hugo

Par   •  20 Novembre 2018  •  1 917 Mots (8 Pages)  •  950 Vues

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Indifférent au paysage, le poète refuse de voir et de regarder, comme le souligne la structure anaphorique « Ni…/Ni… » et la répétition de « sans ». Tout intérêt éventuel pour un paysage très beau et émouvant est nié (négation du verbe « regarder »). Il ignore même le soleil couchant évoqué avec la métaphore « l'or du soir », le soleil couchant si cher aux Romantiques. De même, la confusion entre le jour et la nuit qui s'exprime au vers 7 montre l'incapacité du voyageur à rester sensible à ce qui l'entoure, mettant en évidence sa solitude.

- B – La solitude du poète.

La solitude est explicitement exprimée avec les adjectifs « seul, inconnu » (v 7) , « triste » (v 8) , en début de vers, et l’emploi des adverbes et pronoms traduisant l’absence : « loin de toi » (v. 4), « sans rien », « aucun », « seul » (v. 6-7). Le narrateur insiste sur cette absence avec l’anaphore de « sans » « sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit » ( v 6) . Cette solitude révèle la souffrance du poète . Elle affirme la présence obsessionnelle de sa fille dont il ne peut supporter l'absence « Je ne peux demeurer loin de toi plus longtemps » (vers 4) et son besoin de recueillement.

- C – La souffrance du poète.

Tout suggère l'accablement du poète qui a « le dos courbé » (v 7) , sa démarche pesante est rendue par les ruptures de rythme derrière l’apparente régularité de l’alexandrin .

On observe ainsi de nombreux rejets, notamment celui du vers 8 qui met en valeur l’état d’âme du poète solitaire : « Triste ». Au vers 2, le rejet « Je partirai » suivi d’un point marque une pause, créant un rythme saccadé qui peut rendre compte de l'impatience et de la détermination du poète.

Le rythme du premier vers est irrégulier « Demain,/ dès l’aube,/ à l’heure où blanchit la campagne » (2/2/8) de même que celui des vers 7 et 8 (1/3/4/4 et 1/11), répercutant ainsi, musicalement, la douleur du poète.

Transition : Ce poème met subtilement en valeur la souffrance et la solitude du poète. Si cette souffrance semble sans fin, Victor Hugo rend « vivante » Léopoldine grâce au souvenir et à la poésie.

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- III Le triomphe de la vie sur la mort.

A - Recueillement du poète.

Ce « voyage » prend l'allure d'un pèlerinage, d'une méditation. Le poète, recueilli, accablé, est muré dans ses pensées, dans un état somnambulique, complètement centré sur lui-même. Ce repli du poète sur lui-même se manifeste d’abord par l’omniprésence de la première personne : « Je partirai », « je sais », « J’irai », « Je ne puis » (v. 2 à 4), « Je marcherai », « mes pensées » (v. 5), « pour moi », « Je ne regarderai » (v. 8-9), « quand j’arriverai, je mettrai » (v. 11). Plus rien n’existe autour de lui : « Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées/Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit » (v. 5-6). Immobile, passif, le poète adopte donc une posture de méditation, de recueillement : « Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées » (v. 7).

La forme renforce cette idée de recueillement. Ainsi, les rimes sont croisées dans chaque quatrain, comme les mains du poète recueilli (v. 7). Par ailleurs, le rythme régulier de l’alexandrin, souvent ternaire, donne au poème un ton incantatoire qui accompagne le recueillement : « J’irai par la forêt, j’irai par la montagne » (6/6), « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps » (3/3/3/3), « Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées » (4/4/4), « Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit » (3/3/3/3), « Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe » (6/6).

Nous découvrons , au vers 11, que ce long trajet mène le poète au cimetière . Il dépose alors sur la tombe de sa fille « Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur », bouquet symbolique qui permet d'immortaliser Léopoldine.

B – L'immortalité.

Un gros plan est fait sur ce bouquet . De la lumière est apportée par la sonorité claire en « ère » de « (houx) vert » et de « bruyère ». On pourrait même se demander si le poète ne joue pas sur l’homophonie entre « houx vert » et « ouvert » pour teinter implicitement la fin de son poème d’une lueur d’espoir. De plus, ce bouquet a une valeur symbolique puisque le houx symbolise l'éternité, l'immortalité.

Ainsi, le dernier vers met en relief la volonté d'une immortalisation. Le houx, éternellement vert, et la bruyère, éternellement en fleur, par la magie de l'écriture poétique, sont à l'image de cette éternité que le poète souhaite créer. Célébrée par le récit harmonieux et douloureux de ce pèlerinage, Léopoldine ne peut être oubliée.

Conclusion.

« Demain dès l'aube » est un poème lyrique particulièrement émouvant qui trouve sa force dans sa construction avec sa chute et sa progression vers l'amour du poète, à savoir sa fille morte, Léopoldine. La douleur contenue, évoquée avec pudeur, trouve facilement écho chez le lecteur. Ce poème, très personnel prend alors un caractère universel.

En commémorant ainsi la mort de sa fille Léopoldine, Victor Hugo la fait revivre. En évoquant son souvenir et grâce à la poésie, il l'immortalise. Ce poème est un cadeau fait à sa fille par son père pour qu'on ne l'oublie jamais.

On peut rapprocher ce poème avec un autre texte poétique des Contemplations « Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin » où il évoque Léopoldine vivante. E

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