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A une passante, Baudelaire

Par   •  4 Octobre 2018  •  1 790 Mots (8 Pages)  •  723 Vues

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- Notons d’abord le portrait peu flatteur que le narrateur donne de lui-même dans ce poème

- Il se sent en position d'infériorité par rapport à son environnement : un être hypersensible, qui ressent la rue, la foule comme une agression (vers1)

- par rapport à la femme il a une attitude de dépendance : l'oeil de la femme étant la source où il s'abreuve

- par opposition avec l’élégance qui se dégage de celle-ci, il se compare lui-même à un « extravagant » (c’est à dire à un fou), « crispé », « buvant » avidement dans ses yeux, c’est à dire la dévisageant avec un regard d’halluciné. Il est paralysé sous l'effet de la fascination

- L’apparition de la jeune femme en deuil lui semble une révélation quasi surnaturelle : l’intensité de l’impression reçue apparaît notamment au vers 9 (la comparaison avec un « éclair ») et au vers 10 : « Dont le regard m’a fait soudainement renaître ». Il faut comprendre qu’il était dégoûté de la vie, ne voyant autour de lui que médiocrité et laideur, comme mort. C’est pourquoi la vision de la belle veuve prend pour lui le sens d’une révélation : la Beauté existe vraiment dans ce monde, le bonheur, l’élégance, l’Idéal y ont aussi leur place.

2. Mais la passante incarne surtout pour le narrateur le caractère inaccessible de cet Idéal.

- C’est dans les deux tercets que se précise la conception tragique de l’Amour qui anime le poète.

- Notons d’abord le caractère paradoxal du discours tenu par le narrateur dans les deux tercets. C’est précisément au moment où la jeune femme disparaît de son champ de vision, où il la sait perdue pour lui, que le narrateur s’adresse à elle à la deuxième personne, se plaît à imaginer entre eux une complicité amoureuse (« ô toi qui le savais »).

- L’utilisation de la deuxième personne (« personne de la présence », comme on dit en grammaire) tend à compenser l’absence définitive de l’ « être aimé », à créer de toutes pièces entre le poète et cette femme une intimité qui n’a jamais existé dans la réalité.

- Un moment fugitif qui fait triompher le spleen

A. A cause de la fugacité de la beauté

- exprimée dès le titre avec le nom « une passante » et reprise dans le 1er quatrain avec le verbe « passa ». On a une polysémie sur ce mot est-ce une passante dans la rue ou dans la vie du poète ?

- Cette fugacité de la beauté est traduite par le résumé métaphorique de la rencontre « un éclair... puis la nuit, les points de suspension (l'ellipse) accentuent la rapidité du passage de la femme ainsi que la brutalité du retour à la réalité

- l'éclair est l'illumination de Baudelaire par l'apparition de cette incarnation de la beauté tandis que la nuit représente la solitude et la détresse du poète

- elle est également exprimée de façon explicite par l'apostrophe « fugitive beauté »

- l'antithèse entre « fugitif » et « éternité » met en lumière la soudaineté de la disparition de la passante et sa recherche qui ne peut se faire que dans une contemplation mystique du futur

B. L'espoir impossible de retrouver l'idéal aperçu

- Dès la disparition de la passante, Baudelaire tente de revivre l'instant de la rencontre et de retrouver cette incarnation de la beauté. Cette tension s'observe à travers la forme interrogative du vers 11 et l'emploi du futur de l'indicatif « ne te reverrai-je plus que dans l'éternité ? »

- L'espoir de retrouver cet idéal de beauté s'amoindrit rapidement et le dernier tercet laisse entrevoir une certaine forme de désespoir. L'interrogation laisse ainsi place aux exclamations (vers 12) qui traduisent la détresse de Baudelaire qui a peu d'espoir de retrouver cet idéal ce qui est exprimé par l'adverbe « jamais »

- sa disparition le plonge dans le désespoir, exprimé par le rythme saccadé du vers 12 et par la gradation « ailleurs... jamais » dont le mot jamais mis en valeur par sa typographie en italique traduit la conscience qu'il a de l'impossibilité de laretrouver

- Baudelaire s'adresse finalement directement à la passante disparue à la fin du sonnet. Il emploie une structure en chiasme pour insinuer que la femme est serrée dans les bras du poète: « je…tu…tu…je » (vers 13), en dépit de son incapacité à le faire en réalité. Le rapprochement des pronoms personnels je et tu pourraient faire croire à une possible communion entre les 2 êtres mais le chiasme ne fait qu'insister sur la séparation

- le dernier vers résonne comme une incantation en raison de la présence de l'apostrophe « Ô toi » tandis que le subjonctif plus que parfait « j'eusse aimé » rappelle que l'accomplissement de l'amour entre ces 2 êtres ne peut être qu'irréel.

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