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Paul et virginie

Par   •  9 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  2 745 Mots (11 Pages)  •  3 533 Vues

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Commentaire composé Paul et Virginie, partie IV, de Bernardin de Saint pierre, 1788

Bien que le XVIIIème siècle soit marqué par l’émergence de nouvelles interrogations sur la société, sur la politique donc sur l’homme grâce au mouvement littéraire des « Lumières », la fin de cette période voit naitre un mouvement préromantique constitué de certains auteurs dont les œuvres s’appuient sur un ensemble de tendances tels le lyrisme, la sensibilité, le sentiment et le rapport de l’Homme à la nature. Le petit roman Paul et Virginie, écrit par Bernardin de Saint Pierre en 1788, est le dernier volume de son ouvrage Les études de la nature qui appartient au préromantisme. Appartenant au registre pathétique, Paul et Virginie décrit avec force les sentiments amoureux et la nostalgie du paradis perdu. Au-delà du cadre exotique et de la description d'une société idyllique, Bernardin de Saint-Pierre expose dans ce roman sa vision pessimiste de l'existence. Le petit apologue Paul et Virginie nous présente l’amitié de deux enfants qui va se transformer en amour sur l’île de France (actuelle île Maurice), pour être ensuite contrarié par le retour des conventions européennes et l’obligation pour la jeune fille de retourner en France. Le passage de notre étude se situe à la fin du roman et nous fait découvrir cette jeune fille, Virginie, s’apprêtant à retrouver Paul resté dans l’Océan Indien. Cependant, une tempête se déchaine et fracasse le bateau contre des récifs nous livrant un spectacle tragique de la mort de Virginie près de la côte où Paul et d’autres proches l’attendaient. Cette scène importante du naufrage de Virginie a été inspiré par un fait divers qui s'est produit en 1744 : cette année-là, disparaissent deux amants dans le naufrage du navire Saint-Géran : Mme Cailloux, une créole, et M. Longchamps de Montendre, enseigne de vaisseau. Dans cet extrait de Paul et Virginie, l’auteur dévoile sa passion pour le monde naturel, l’immensité de la puissance de la nature face à l’homme et amène le lecteur à s'interroger sur le rapport entre morale et nature mais offre également une réflexion sur l’amour entre Paul et Virginie en dehors des conventions européennes de l’époque. Il s’agit de voir dans la progression de cette scène comment le profane et le sublime se combinent pour composer un véritable tableau tragique de la mort de Virginie .Pour cela, dans un premier temps nous analyserons l’effet dramatique , pittoresque et symbolique de la tempête, ensuite nous étudierons la manière dont le profane et le sublime s’associent pour constituer une représentation tragique menant inévitablement au sacrifice de celle qui réincarne l'Iseult médiévale.

1 Une tempête dramatique, pittoresque et symbolique

A) Dramatique théâtral effroyable

Dans le texte étudié, Bernardin de Saint Pierre a recours à un narrateur, le vieil homme, présent depuis le début du roman pour nous présenter, dès le premier paragraphe du texte, une histoire où le cadre revêt une apparence apocalyptique et une scène dramatique lors d’une tempête avec la mer destructrice pour le bateau « les câbles de son avant rompirent… »l.1-2, « d’énormes voûtes d’eau qui soulevaient tout l’avant de sa carène… »l.13, « le vaisseau que la mer cependant entrouvrait par d’horribles secousses »l.15-16, « s’avança en rugissant vers le vaisseau qu’elle menaçait… » l.29-30 ainsi submergé et en perdition. Ce récit se déroule dans un décor théâtral: le « vaisseau…»l.1, le « rivage…»l.3, et la plage comme une salle de spectacle « des spectateurs… »l.28 ainsi que l’océan comme une véritable menace pour les humains « rejetaient bien loin sur le rivage le malheureux Paul, les jambes en sang, la poitrine meurtrie, et à demi-noyé »l.13-14, Virginie «exposée à un si terrible danger »l.21, « la lame jeta bien avant les terres une partie des spectateurs…»l.34-35, « nous retirâmes des flots le malheureux Paul sans connaissance, rendant le sang par la bouche et les oreilles. »l.39-40. L’auteur utilise différents éléments narratifs pour que le Naufrage soit un élément dynamique dans l’œuvre de Paul et Virginie qui permette d’accélérer le rythme de l’action de certaines scènes avec la présence de nombreux verbes d’action accentuant ainsi les enchainements rapides et la succession d’évènements « s’avança… »l.9,« tantôt nageant, tantôt marchant… »l.9, « se relevait et retournait…»,« s’étaient jetés…»l.24,« s’approcha…»l.25,« se jeter…»l.25-26, «repoussant…»l.26,«détourna…»l.27« s’élança…»l.31, « s’avancer…»l.35 « s’agenouilla…» l.37 afin de constituer l'intrigue de ce passage capable de produire de fortes émotions « … Le registre dramatique propre au théâtre se retrouve dans le « jeu »des personnages qui semblent être des acteurs comme Paul et le narrateur en début de texte avec leurs répliques « « Mon fils, lui dis-je, voulez-vous périr ? – Que j’aille à son secours, s’écria-t-il, ou que je meure ! »l.5-6, tout comme les matelots tels des figurants qui quittent la scène l.16-l.24, mais également dans la gestuelle de l’héroïne Virginie où l’on note parfois la présence de participes présents formant des didascalies « tendant les bras… »l.19, « d’un port noble et assuré, elle nous faisait signe de la main… »l.22, « le repoussant avec dignité, détourna de lui sa vue. »l.26-27, « posa une main sur ses habits, l’autre sur son cœur, et levant en haut des yeux sereins… »l.31-32. Les actions présentent un caractère passionnel, l'idylle tourne au drame lors du naufrage du Saint-Géran, comme si par une fatalité tragique l’héroïne devait payer son bonheur exotique, fait de sensibilité et de tendresse. Dans une partie du texte, le lecteur est transporté d’une part vers une vision antagonique du décor et d’autre part fantastique de la mer par

B) une vision pittoresque (fantastique) de la mer Imagé, original, décalé, inhabituel.

Bernardin de Saint-Pierre qui accroît l'étrangeté du décor par l'accumulation des contraires, que l'on percevra avec ce "vaisseau presque à sec", du côté de la terre salvatrice (Paul "tantôt marchant"), avant d'être submergé, du côté de la mer dévastatrice ("tantôt nageant"). L'insistance sur le déchaînement des éléments se traduit par une reprise où la tempête apparait surnaturelle avec l’effet de personnification péjorative de la mer déchainée « une nouvelle furie » l.12 : le passage " une montagne d'eau d'une

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