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Torquemada, Victor Hugo

Par   •  3 Juillet 2018  •  1 217 Mots (5 Pages)  •  472 Vues

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*Qui conçoit les choses selon des oppositions tranchées, binaires ; elles sont totalement bonnes ou totalement mauvaises.

5. « Satan et moi » (v. 1), « Deux maîtres des flammes » (v. 2), « moi le ciel » (v. 5), « je suis dans le temple » (v. 6), « sans moi, vous étiez perdus » (v. 9) : toutes ces expressions montrent que Torquemada se croit plus qu’un homme. Il s’assimile d’ailleurs à la figure biblique de saint Michel terrassant le démon : « ainsi que Michel archange, j’ai frappé » (v. 14). D’où une impression d’orgueil et de démesure du personnage : il entre dans un délire de sainteté.

6. Pour justifier les tortures et les exécutions qu’il ordonne, Torquemada argue que la lutte qu’il mène contre l’hérésie est menée sous l’œil de Dieu (v. 1), ce qui présuppose le consentement de celui-ci. Il prétend que la pureté du feu des bûchers lui permet de séparer l’âme du corps et donc de sauver les hommes de la corruption et de la damnation, ce pourquoi il se justifie, en outre, par la future reconnaissance des victimes (v. 12-13). Il avance qu’il fait œuvre de rédemption (« Tout le vieux crime humain de l’homme est arraché », v. 32). Torquemada s’attribue ainsi un rôle d’instrument de la volonté divine et de simple exécutant du Jugement qui distingue bons et méchants. Paradoxal bourreau du bien, selon ses dires, il prétend avoir un rôle angélique (tutélaire et eschatologique à la fois).

7. Le lexique de la violence et de la souffrance rappelle néanmoins au lecteur la réalité effroyable des tortures que Torquemada voudrait justifier et présenter comme de belles apothéoses des âmes. Le discours exalté de Torquemada se trahit lui-même comme un mensonge théologique qui cache l’horreur concrète en laissant entrevoir l’indicible. L’oxymore « piscine de feu » (v. 10) donne une image saisissante et hyperbolique des bûchers, si nombreux qu’ils semblent former une seule grande « piscine ». Les vers 19 à 21 décrivent également les supplices : « Oh ! Comme j’ai souffert de vous voir dans les chambres / De torture, criant, pleurant, tordant vos membres, / Maniés par l’étau d’airain, par le fer chaud ! » L’accumulation des participes présents dépeint ici la saturation des manifestations de la souffrance des corps. L’attirail métallique (« airain », « fer ») désarticule les corps

comme l’enjambement (« des chambres / De torture ») brise l’unité repliée de l’alexandrin.

Comme pour tout texte de théâtre, l’énonciation opère à deux niveaux. Torquemada s’adresse d’abord, au niveau scénique et fictionnel, au roi et à la reine ; au niveau de la performance, de la représentation, il s’adresse aussi, bien entendu, au spectateur, récepteur indirect de son discours. Mais l’énonciation se complique encore au niveau scénique et fictionnel car l’Inquisiteur se donne successivement d’autres destinataires que le roi et la reine : il apostrophe en effet les suppliciés (« mes bien-aimés », v. 9), Satan (« Non, tu n’auras plus d’âmes ! », v. 25), les « dragons » et les « colombes » (v. 39, ces dernières incarnant les âmes sauvées).

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