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La sondocratie cas

Par   •  10 Mai 2018  •  2 952 Mots (12 Pages)  •  560 Vues

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II Le caractère incertain des résultats des sondages malgré leur’ valeur de vérité

Pour ce qui est des sondages sur les votes, ils ne garantissent pas à tous les coups un résultat électoral similaire à leurs études, et lorsque les élections prennent une autre tournure que ce que les sondages prévoyaient, ils sont pris pour responsables des résultats.

Comme exemple d’échec d’anticipation des résultats électoraux, on peut citer les législatives de 1997 auxquelles les sondages avaient prévu une victoire à droite alors que le PS de Jospin remporte la majorité des sièges, engendrant la troisième cohabitation, les municipales de 2001 où les sondages avaient prévu une « vague rose » alors que le PS a reculé face à la droite, les présidentielles de 1995, dans lesquelles Chirac était considéré comme grand perdant alors qu’il est réélu, et celles de 2002 où aucun sondage n’a prévu le FN au second tour.

Pour expliquer la possibilité d’erreur, de sondages, il faut prendre en compte tout d’abord la mauvaise utilisation que les médias en font : mauvaise retranscription, mauvaise interprétation, mauvais énoncé des chiffres… par exemple, les sondages indiquant deux chiffres après la virgule ne peuvent être pris au sérieux étant donné qu’il y a une marge d’erreur de 2% minimum sur un échantillon de 1000 personnes.

Ce calcul des sondages, aussi rigoureux soient-ils, indiquent une marge d’erreur au niveau de la confiance, en générale la confiance donnée est 95%. Par les calculs, on s’aperçoit par exemple que pour affiner de moins de 1% seulement un résultat de sondage sur une population de 1000 personnes, il faut doubler cette population. Ainsi, la marge d’erreur des sondages qui est totalement effacée des utilisations que les médias et autres en font, hommes politiques compris, est une explication de la possibilité d’échec des sondages et de la surprise lorsque ce qu’ils avaient annoncé ne se produit pas.

Les critères sélectionnés pour le sondage peuvent être insuffisants ou incomplets pour émettre ensuite une interprétation d’un vote ou d’une opinion d’une partie de la population. Par exemple, l’ancienne profession des retraités est à prendre en compte, alors qu’ils sont souvent catégorisés en tant que « retraités » par les sondeurs sans forcément aller chercher plus loin. De manière plus globale, la CSP « inactifs » d’environ un tiers de la population est souvent traitée en bloc alors que la classe est composée de personnes hétérogènes. Par ailleurs, beaucoup refusent de répondre aux sondages, et ceux y répondant le plus sont plus diplômés et plus intéressés par la vie politique.

Pour Bourdieu, l’inexactitude des sondages est évidente car l’opinion publique n’est qu’une construction sociale. Il dit « L’opinion publique n’existe pas. » Lors d’un sondage, une question est posée : certains n’ont pas d’avis, certains n’ont pas réfléchis à la question avant donc la réponse à rapide et manque de réflexion, en réalité, c’est l’opinion des sondeurs qui compte, alors que le sondage se veut être la somme des opinion individuels.

Pour Boudon, le problème avec l’opinion publique est que certains répondent aux sondages par une idée prédominante sans véritablement la penser, on répond par ce qu’on attend de nous de répondre et non par les idées que l’on partage vraiment. Cela fausse donc les sondages.

La valeur scientifique des sondages est aussi à remettre en cause : il y a un problème de rigueur méthodologique dans la pratique du sondage. Par exemple, les médias principalement, utilisent parfois des sondages qui ont été fait sur un échantillon de 500 personnes, on peut alors douter de leur valeur. On peut illustrer cet argument par l’étude qu’à faite Raymond Aron sur l’évènement de mai 68, à l’époque la critique des institutions apparaissait dans les sondages, lors des élections législatives de juin 68, le vote démontre une majorité conservatrice.

De manière générale, les questions sont orientées et les instituts de sondages ne transmettent pas leur méthode d’analyse menant au résultat final. En 2011, une proposition de loi a été faite après un rapport demandant la transparence des sondages, si le texte a été voté à l’unanimité par le Sénat à l’époque, l’Assemblée Nationale a considérée qu’elle était inconstitutionnelle sur certains points et ne constituait pas une priorité pour le gouvernement Fillon.

III Les conséquences de la dérive de la démocratie en régime sondocratique

Régis Debray créée le concept de la médiologie comme étude des supports de transmission de messages. Pour lui, cette dernière est responsable des changements de rapports au pouvoir, au savoir, aux mœurs aussi. Il y a également l’idée que le transcendant, qui est nécessaire à une société selon lui, varierai avec les différentes formes de transmissions des messages. Son travail repose autour de 3 exemples que l’on peut qualifier de grandes étapes de la transmission de messages :

-le premier livre à apparaître, la Bible, qui va changer la conception du divin, répandre l’idée d’un dieu unique et ainsi bouleverser la société, il appelle ce livre le « codex ».

-l’invention de l’imprimerie (1454), elle diffuse les livres et donc le savoir, et est à l’origine de l’Ecole, la République et la laïcité de cette façon.

-L’avènement du web qui brise les frontières étatiques. Il ne sait pas encore à quelle forme de sacré cela va mener.

Pour Régis Debray, la forme depuis laquelle on transmet une information a un impact sur la société puisqu’elle agit sur les croyances de cette société. Le sondage ferait partie de cette transformation du support de l’information ; si on se fie à la médiologie, la massification des sondages et la dérive sondocratique qui en découle apporteraient progressivement une transformation de la société, de ses croyances, de ses mœurs, de ses connaissances aussi.

Gérard-David Desrameaux, docteur d’Etat en science politique et auteur écrit en 2013 un éditorial « une nouvelle forme d’instabilité politique », dans lequel il détermine cinq principaux facteurs qui selon lui, forment une instabilité dans la Vème République, alors qu’elle s’apparentait être efficace dans ce domaine après la chute de la IVème. Le cinquième critère qu’il cite en tant que facteur d’instabilité, il précise qu’il y en a d’autres encore, est la sondocratie : celle-ci serait créatrice d’instabilité car l’opinion est changeante, elle suppose une

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